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Rock'n'Folk, n°193, février 1983
Critique de l'album Les Nus

 


Les Nus

RCA PL 37711

D'autres ont coulé pour moins que ça, savez-vous ? Enfin quoi ! Qu'est-ce que c'est que ce disque ? Voici un groupe, les Nus, fichtrement intéressant depuis un bout de temps, avec pas mal d’atouts, une esthétique crédible, des concerts énergiques, des références larges et appréciables (on parle de Jean Genet on revendique une culture), un passé de forte expérience (deux anciens Marquis de Sade), et voilà qu'au moment le plus important, après avoir passé tous les caps minants de la recherche du contrat (bizness) et de l'identité (artistique) en s'en sortant plutôt bien, les voilà donc qui se plantent Et en beauté. En tombant en plein dans le panneau.

De quoi s'agit-il ? RCA, maison de disques très remuante ces temps-ci, décide de signer Les Nus et leur propose un budget premier enregistrement à gérer comme ils l'entendent. En gros, de quoi faire, au choix, un maxi 45t avec un très bon producteur, un album vite fait avec un bon producteur ou pas mal de temps en studio pour un album auto-produit. Evidemment, ils choisirent la troisième solution. Evidemment, c'était la plus casse-gueule. Et évidemment ils se sont cassés la gueule. Dix morceaux mal produits, mal mixés, des fautes de goût impardonnables, un son de batterie riquiqui, des guitares (le point fort) derrière tout le monde, exprès pour qu'on ne les entende pas, des claviers pompeux et trop en avant, une voix pourtant très expressive qui devient criarde, une basse anodine... Tout ça fait de ces chansons qui restent potentiellement de bonnes chansons d'un bon groupe des trucs ennuyeux sans queue ni tête d'un groupe maladroit.

Je disais au début que d'autres splittèrent pour moins que ça. Ils étaient cons. Ce n'est pas un premier album raté qui doit tout remettre en question. Et ce n'est pas non plus une raison pour ne plus aller voir Les Nus sur scène : là, ça reste très fort. Ça doit juste remettre les choses en place. L'ambition, oui. La fatuité, non. La pochette mérite le titre de « première gerbe de l'année ». – CHRISTOPHE NICK.

Copyright : Rock'n'Folk, 1983