Imprimer

Marc Seberg - 45t : Le chant des terres
Le chant des terres 45T

 

Le chant des terres

Les regrets des banquises
bleu glacial au zénith
quand l'iceberg solitaire
dérive au gré des mers.

Une voix de cristal
la mélodie des glaces
que le blizzard réveille
et très vite s'ensommeille
dans le silence polaire.

C'est l'heure où doucement s'élève
parmi les ombres
du cœur du monde
le chant des terres.

Le chant des terres
du plus profond
du cœur du monde
le chant des terres.

Les bruits fauves des flammes
les savanes s'embrasent
quand le soleil s'éteint
rouge et ocre au lointain.

Et les rires deviennent larmes
sous les pluies tropicales
venues du fond des temps
mais elles pleurent sous le vent
et pour encore longtemps.

Le tendre essoufflement
d'un vent tiède de printemps
pour un instant s'arrête
une menace dans l'air.
Les crépitements du ciel
des nuées de sauterelles
et l'éden se retrouve
le temps d'une tempête
aux portes de l'enfer.

C'est l'heure où doucement s'élève
parmi les ombres
du cœur du monde
le chant des terres.

Le chant des terres
du plus profond
du cœur du monde
le chant des terres.

Philippe Pascal

Recueillement

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma douleur, donne-moi la main ; viens par ici,

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées ;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;

Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

Charles Baudelaire