Frank Darcel - Interview à l'occasion de la sortie du livre "Le dériveur"


Il y a quelques mois, Frank Darcel sortait le livre "Le dériveur". Un livre "sur la route" avec un personnage très attachant, Max. Un livre rafraichissant, bourré d'humour ! C'était donc l'occasion d'une interview !

P.B. : D'où t'es venue cette envie de faire un livre ? Il y a quelques années, tu m'en avais parlé (un polar, à l'époque, il me semble...). Est-ce que cela te trotte depuis longtemps en tête ? (c'est bien ton premier livre ?)
F.D. : J’ai commencé à écrire quand je me suis installé à Lisbonne en 1995. La ville a modifié ma perception des choses dans pas mal de domaines. J’ai voulu retranscrire cette petite métamorphose par l’écriture. La fenêtre du salon donnait sur un parc avec palmiers et orangers, des tas d’odeurs montaient jusqu’à l’appartement. C’était idéal pour écrire quelques pages tous les soirs. Ce livre n’est pas paru à ce jour, il s’appelle « l’ennemi de la chance ». C’est une sorte de polar mystique ou les intrigues enchevêtrées ne se résolvent pas tout à fait… C’est pour ça qu’il n’est pas encore publié sans doute !

P.B. : J'ai vu que tu as parlé de Lisbonne comme origine, mais pourras-tu expliquer le cheminement pour arriver à l'histoire actuelle ?
F.D. : Le premier roman m’a permis d’avoir une accroche avec deux éditeurs, Calman-Levy et Flammarion. Ils étaient intéressés mais voulaient que je le retravaille. Je l’ai fait pour Calman-Levy en tenant compte de leurs critiques mais le résultat n’a pas plu. Quand on m’a demandé de le reprendre également chez Flammarion, j’ai préféré passer à quelque chose de complètement nouveau. C’est là que « Le dériveur » est entré en chantier au début de 2004. J’ai mis quatre mois à l’écrire mais comme j’avais passé pas mal d’années sur le premier, cela fait une moyenne… Quand, en mai 2004, Flammarion m’a proposé de sortir « Le dériveur », je suis quand même revenu à « l’ennemi de la chance », une dernière fois… J’étais libéré, puisque édité, et maintenant je ne désespère pas que cette aventure Lisboète soit publiée un jour. Je crois qu’enfin l’énigme est résolue !

P.B. : Pour l'histoire, quelles sont tes bases ? Une histoire vraie ? Une extrapolation autobiographique ?
F.D. : Max est en fait un condensé de plusieurs personnages. Un peu de moi mais aussi de copains pêcheurs dont l’un était venu à New York avec moi en 1980. Il ne parlait pas Anglais et cela le rendait vaguement parano de ne pas comprendre ce que les gens lui disaient. J’ai puisé pas mal d’informations pour créer Max dans ce petit voyage tout à fait épique.

P.B. : Qu'est-ce que tu as voulu faire passer à travers de ce livre ?
F.D. : Poursuis tes lubies, n’abandonne jamais et le destin finira bien par te rejoindre en souriant, même dans l’endroit le plus inattendu…

P.B. : Quelles sont tes influences littéraires ?
F.D. : J’ai été plus ou moins élevé au polar dont j’ai adoré la plupart des classiques, Chandler, Hammet et plus récemment Elroy. Mais il y a quelques auteurs à cheval sur le XIXe et le XXe qui m’ont profondément marqué sans qu’évidemment je ne puisse m’en réclamer tellement ils sont massifs… Je pense à Knut Hamsun, Kafka et plus tard Céline et Faulkner.

P.B. : Apparemment, les ventes ont bien débuté. Envisages-tu éventuellement une reconversion et abandonner la musique ? Ou bien serais-tu le nouveau Yves Simon ?
F.D. : J’ai aperçu Yves Simon à la terrasse d’un café l’autre jour. Je me souviens bien de la chanson « Au pays des merveilles de Juliette ». C’était chouette. Mais je ne sais pas ce qu’il écrit. Pour ma part, si je continue à faire de l’édition musicale et un peu de réalisation, je ne pense pas rechanter… Ce n’est pas assez naturel chez moi et j’éprouve beaucoup plus de plaisir à écrire.

P.B. : Quelles différences vois-tu entre le milieu musical et le milieu littéraire ?
F.D. : A vrai dire, après avoir trouvé cela très différent au départ, je me rends compte que cela fonctionne grosso modo de la même manière. Mais je suis nouveau dans le livre, peut-être que des différences fondamentales mais subtiles m’apparaîtront plus tard…

P.B. : Que dirais-tu pour donner l'envie de lire ton livre ?
F.D. : De lire la critique dans Elle. C’était vraiment flatteur…

P.B. : Es-tu plutôt du genre "Premier jet" ou "Réécriture" ? "Ordinateur" ou "crayon et feuille" ? "Isolation totale" ou "Isolation dans le bureau" ?
F.D. : J’ai un premier jet rapide (si je puis me permettre…) mais ensuite je retravaille un peu comme un sculpteur, taillant dans la matière jusqu’à ce que ce premier jet prenne sens. Et vie…
Je fais tout ça à l’ordinateur mais dans la deuxième phase j’imprime souvent pour me relire. A l’écran beaucoup de choses t’échappent et pas seulement les détails.
Je me suis installé un bureau dans ma cave. Là, je suis bien et quand j’écris, le temps se distend complètement. C’est assez curieux d’ailleurs !

P.B. : "Ecriture de nuit" ou "Ecriture aux heures de bureau" ?
F.D. : Je n’ai pas d’heure, j’écris plutôt à fond pendant trois jours et j’arrête trois ou quatre jours. Pour mon premier roman, j’arrêtais parfois six mois…

P.B. : As-tu relu le livre depuis sa sortie ? Changerais-tu des choses ? Des effets de style ? De la narration ?
F.D. : J’ai relu des passages quand je l’ai eu en vrai entre les mains. A part quelques fautes d’orthographes, je ne corrigerais rien…

P.B. : Es-tu déjà en chantier pour un second roman ou bien place à la musique ?
F.D. : Après avoir retravaillé « L’ennemi de la chance », j’ai démarré une nouvelle histoire qui devrait être finie vers Noël. Mais il y a pas mal de projets musicaux en route, je t’en dirai plus à ce sujet vers la fin septembre.

P.B. : S'agira-t-il de la suite des aventures de Max ou bien autre chose ?
F.D. : Non, Max est bien là où il est, cheminant vers le Pacifique. Mais rien ne dit que je ne le retrouverai pas un de ces quatre. Sur la route…