Critique de l'album Lumières et Trahisons
Lumineux
Les années passent, des groupes naissent, d'autres meurent. Un hit et ils s'évaporent de la mémoire collective de nos juke boxes. Au début des années 80 l'espoir du rock chez nous s'appelait Marquis de Sade. En Angleterre c'était Simple Minds. Si Jim Kerr incarnait la conviction lumineuse, Philippe Pascal de l'autre côté imposait son charisme en noir et blanc.
Depuis 1983, Marc Seberg est un groupe qui trouve sa cohésion dans un rock sans concession où la mélancolie se pare des couleurs de l'hiver. Froid et fascinant à la fois. Au fil des évolutions pudiques et successives, Marc Seberg en trouvant sa voix française s'est peut-être débarrassé d'un vieux complexe. L'émotion en français peut passer aussi bien qu'en anglais. Trahison ?
La vieille garde des " jeunes gens modernes " et autres nébuleux puristes va taxer " Lumières et Trahisons " d'objet commercial aguicheur car pour la première fois le groupe rennais ose mettre le nez hors de son underground velouté. Trahison ?
Un son soigné, technique et précis dans un studio compétitif et belge, un producteur anglais réputé, " Lumières et Trahisons " dans sa pochette soignée comme un LP des Cocteau Twins est un bel objet. Trahison ?
Des titres rageurs et mélancoliques aux accents New Order ou Simple Minds, Marc Seberg fait une musique de best seller. Trahison ?
C'est vrai " Jeux de Lumières " me fait songer à " Dancing With Myself " et " La Nef des Fous " évoque plus " Week End à Rome " que Bauhaus. Lumineuses trahisons, cet album doit enfin imposer la marque Seberg.
Gérard Bar-David
Copyright : Best, 1987