Critique de l'album Lumières et Trahisons
Mais jusqu'où iront-ils ? Marc Seberg, acte III. Après le souffle tellurique du Chant des terres, voici venir l'ère grandissime des lumières et trahisons qui vient prolonger le climat abyssal et volontairement intérieur de ce groupe décidément unique. N'allez pas croire, pourtant, qu'il s'agit là d'une nouvelle page rock schizoïde d'une formation qui se suffirait d'un univers volontairement noir. Au contraire, l'éclaircie augurée dans le précédent opus s'affirme ici avec une puissance lumineuse. En effet, la musique de Marc Seberg a pris encore une amplitude démoniaque. Les guitares d'Anzia, magnétisées à l'extrême, résonnent d'un génie de plus en plus flamboyant. La basse de Pierre Corneau sournoise et volcanique s'est encore bonifiée. Les rythmiques de Pierre Thomas ont acquis cette fois une puissance 'extatique. Quant aux claviers... Rarement ils ont été traités avec autant d'intelligence et de brio. A la fois aériens, sensitifs, éthérés, et délicieusement enveloppants. Les doigts de Pascale Le Berre ont permis à la musique de Marc Seberg de s'enorgueillir d'une alchimie qui ressemble à une expurgation de haute volée. Et puis il y a, bien sûr, la présence de Philippe Pascal, toujours aussi emphatique, chargé d'une émotion paroxystique. Sa voix de plus en plus grégorienne distille des textes d'une beauté rare. Quelques dix chants d'amour dont l'élévation béatifique porte plus à la sublimation qu'au flip destructeur. Un rock sidéral et cérébral dont on ne se lasse pas. Marc Seberg injecte une dose d'âme qui fait sérieusement défaut au rock hexagonal. Sans conteste, l'album de l'année 1987.
D.R.
Copyright : ?, 1987