Critique de l'album Lumières et Trahisons
Lumières et trahisons

"De quelle couleur est la passion ?", interroge Philippe Pascal, dans la première chanson du disque. Et d'y répondre à sa façon: "Un dégradé de gris". C'est l'exacte teinte de ce troisième album du groupe rennais, fils historique, spirituel, du défunt Marquis de Sade. Dont on a oublié jusqu'au souvenir, tant la musique de Marc Seberg s'est épurée au fil du temps et des épreuves, ne conservant que cette rigueur convulsive, cette beauté quasi monacale.
Produit par John Leckie (XTC, Simple Minds, Woodentops), le disque, à l'emballage diaphane qui rappelle le design de l'école This Mortal Coil, met en valeur la voix de Philippe Pascal, hautaine, dépouillée d'effets de style, sorte de murmure passe-muraille à l'impassibilité rauque.
Mais ce qui frappe et étreint d'emblée, c'est la cohésion de l'ensemble, cette matière sonore aux luminosités blafardes de crépuscule.
Les claviers de Pascale Le Berre, la guitare d'Anzia, la rythmique basse-batterie de Pierre Corneau et Pierre Thomas, se fondent dans la masse, l'enrichissant sans jamais dévier ni digresser.
Marc Seberg n'a pas choisi la facilité. Sous des dehors maussades, finit par poindre l'émotion.

Par ?

Copyright : Télérama, 1987