Rock Sound, n°11, février 1994 - Critique de l'album : Philippe Pascale

Philippe Pascale

Premier album de Philippe Pascale (avec un E s'il vous plaît, comme Pascale Le Berre, seconde moitié de la direction bicéphale du groupe), ou comment se débarrasser d'un lourd passé de gardien du temple new-wave français forcément encombrant à la longue. Les pages Marquis de Sade-Marc Seberg définitivement tournées (merci pour "L'éclaircie" quand même), il fallait passer à autre chose et débloquer le compteur de l'année 1981. En cela, on ne peut que féliciter le duo pour sa décision de passer quelques temps sous le soleil nord africain : ils en ont rapporté un son beaucoup plus chaleureux, enveloppé d'une atmosphère générale mystérieuse et envoûtante toute orientale (l'impeccable "India song"). Bien sûr, ce n'est pas demain que Philippe Pascale ira jammer et faire la teuf avec Khaled mais c'est indéniable, l'ensemble est sensiblement décoincé, j'en veux pour preuve l'agréablement surprenant et groovy "Les nuits Chrysler", qui pourrait bien leur ouvrir les portes des radios. La voix, familière depuis longtemps déjà, de Philippe Pascal prend elle des accents qu'on ne lui connaissait pas sur "Essaouira", alors que "L'heure frontière" se voit judicieusement rehaussé d'une slide guitar qui va probablement faire sursauter les fans de la première heure. Subsistent malgré tout quelques vilains tics (cette trompette souterraine à la And Also The Trees, et le complaisant "On the edge" en ouverture prévisible), réminiscents d'une période qui semble aujourd'hui belle et bien caduque au vu de ce premier album étonnamment voluptueux et séduisant.

(Laurent Garcia)